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Gouel broadel ar brezhoneg 2011

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Disadorn ha disul an hini ‘vo, ‘ba parrouz Kawan. Brav oa bet warlene. Beket ma vo ken brav all bloaz-mañ. Bezomp niverus du-hont da diskwel e choma bev-mat ar brezhoneg !


Fête des voisins, Fête de la musique… la France donne le ton !

 

La France s’est faite une spécialité de créer des fêtes, des événements, qui sont ensuite exportés et  repris par les pays étrangers. C’est le cas de la « fête des voisins », née à Paris en 1999, dont la 13e édition a eu lieu récemment, et qui commence à essaimer en Europe. Encore plus flagrant, la « fête de la musique » créée par Jack Lang en 1982 est désormais bien installée internationalement. On peut encore citer les « journées du patrimoine », les « nuits blanches » (inventées à Paris en 2002), l’initiative « tous à l’opéra » (2007), la « nuit européenne des musées » (1999), etc.

 

A chaque fois, le scénario est le même : les autorités françaises lancent à l’échelle nationale une initiative qui est reprise ensuite par d’autres pays. Et le succès est là. En témoigne l’impressionnant développement de la fête de la musique, célébrée dans pas moins de 120 pays. A travers ce type d’initiatives, la France maintient là en quelque sorte son rang de pays phare en matière culturelle. Concrètement, elle s’appuie sur le très dense réseau culturel français à l’étranger (ambassades, centres culturels et alliances françaises) pour promouvoir ces événements made in France qui contribuent à entretenir son prestige culturel.

 

Mais le plus intéressant est ailleurs. Le phénomène est en effet très instructif sur la société française actuelle. Et là on peut émettre l’hypothèse qu’un tel phénomène ne pouvait émerger qu’en France. La façon dont ce type d’événements se diffuse en France est caractéristique d’un système centralisé qui pousse loin l’ingénierisme social. En effet, ce sont les autorités qui impulsent d’en haut ces fêtes dites « populaires », en les étendant à tout le territoire et en cherchant l’adhésion de la population. Le scénario inverse, celui d’une fête populaire locale se développant surà tout le territoire, est tout à fait incongru pour la France. Le fait que la plupart de ces initiatives débute dans la capitale confirme leur caractère nettement institutionnel et très peu populaire au final.


Il n’est dès lors pas très étonnant que plusieurs de ces événements soient très clairement élitistes. C’est le cas de la Nuit des musées, des Journées du patrimoine et de l’opération « Tous à l’opéra ». Malgré les bons sentiments affichés pour attirer les classes populaires à la « Culture » (visiblement  appréhendée dans une perspective très élitiste), on se doute bien que ce genre d’ événements est peu susceptible, par nature, de favoriser une quelconque mixité sociale.

 

La fête de la musique, et plus encore la Fête des voisins, essayent précisément de combler ce vide. On peut éventuellement voir dans cette dernière fête une nouvelle expression du génie français, mais on doit surtout y voir une tentative pathétique et désespérée de contrer le délitement accéléré du lien social qui touche la société française : désaffection pour les festivités collectives telles que les fêtes de villes et village, raréfaction des moments et des lieux de convivialité, individualisme généralisé, méconnaissance voire méfiance envers l’autre, agressivité entre voisins qui ne se connaissent plus et ne se fréquentent plus. « La société a besoin de moments que les sociologues appellent de constitution  de communautés éphémères », explique Michel Kneubühler, coordinateur régional des Journées européennes du patrimoine (Humanité Dimanche du 17 juin 2010). La France, en combattant les pratiques culturelles locales, en survalorisant la mobilité et en favorisant le déracinement, a au contraire sappé ce qui constituait la base du lien social et de la convivialité. Elle a  permis l’avènement d’un espace indifférencié où l’individualisme prospère sans obstacle, où des individus interchangeables ont perdu tout sens de la communauté.

 

Il n’est guère étonnant, en définitive, que ce soit le pays du centralisme, imbus de sa supposée supériorité culturelle, et en même temps gangrené par le délitement de son lien social, qui fasse preuve d’autant d’inventivité sur le plan de l’exportation d’événements festifs.