Monthly Archives: C'hwevrer 2011

Querelle linguistique en Belgique : le conflit des Fourons

Passionnant documentaire que celui passé lundi 21 février sur les ondes de France Culture. Il traite des Fourons, petit territoire belge de six communes à la frontière des Pays Bas, et lieu d’un virulent conflit linguistique depuis 1963. Cette année-là est définie la frontière linguistique entre Wallonie et Flandres. Les quelques dizaines de milliers de Fouronnais cochent majoritairement la case “néerlandais”. La langue utilisée au quotidien est en effet un dialecte de la famille du néerlandais, le limbourgeois. Or, la langue des affaires et du commerce est le français, et les Fouronnais sont donc aussi pour la plupart francophones et irrésistiblement tournés vers l’espace francophone. En se définissant comme parlant néerlandais, ils ne calculent sans doute pas les implications à venir : les Fourons sont rattachés au Limbourg et deviennent ainsi une enclave administrative flamande en Wallonie.

 

La résistance, pacifique, s’organisera rapidement à partir de ce moment-là pour affirmer l’identité wallonne  des Fourons et réclamer un rattachement à la province francophone de Liège. Les manifestations régulières deviendront un lieu de tension et même d’affrontement entre Fouronnais francophones et nationalistes flamands qui descendent régulièrement de Flandres. Cela  n’empêche pas les Flamands de s’installer toujours plus nombreux et d’inverser en leur faveur le rapport de force démographique. Au point d’élire ces dernières années un bourgmestre néerlandophone. Avec le temps, les clivages perdent en intensité, mais la plaie reste béante et le ressentiment important. 

 

Cette histoire assez rocambolesque illustre finalement à merveille l’impasse politique actuelle dans laquelle se situe la Belgique. La cohabitation entre communautés flamande et wallonne se révèle ainsi de plus en plus chimérique, et ceci malgré les quelques manifestations patriotiques belges de ces dernières semaines. Le fait est que le processus actuellement en cours de construction d’un Etat-nation par le nationalisme flamand condamne vraisemblablement à terme le pays du roi Baudouin. La nette droitisation de ce nationalisme flamand, quant à elle, inquiète à plus d’un titre.

 

Le royaume de Belgique s’est constitué au XIXe sur des bases vaseuses. Ce pays est d’emblée marqué par la domination politique, sociale et linguistique de la  bourgeoisie, francophone aux quatre coins du pays depuis la fin du XVIIIe siècle (alors que le peuple parlait divers dialectes néerlandais dans la partie flamande, et des dialectes romans dans la partie wallone). L’histoire de la Belgique jusqu’à nos jours revient dès lors à une domination d’une communauté linguistique sur une autre, et à une progressive inversion du rapport de force en faveur des opprimés d’hier. De ce point de vue, l’éclatement de la Belgique n’est finalement qu’un juste retour de l’Histoire. 

 

Pour conclure, je cite un des témoins du documentaire, militant fouronnais francophone qui défend l’utilisation de la langue française dans son arrondissement, effectivement menacée par le néerlandais. Je la trouve intéressante parce qu’elle associe les idée de démocratie, de respect des droits linguistiques et de transmission :

“La démocratie c’est aussi et surtout le droit de respecter les citoyens, et moi j’ai envie que mes enfants, mes petits enfants, mes arrières petits enfants puissent vivre en français à Fourons. Vous savez, quand on habite Paris, on ne s’imagine pas que dans un petit village on se bat pour pouvoir parler français. Ben ici on se bat effectivement pour parler français.”

 

Il est à noter tout de même que ces militants francophones sont complètement indifférents au sort du “patois” néerlandais originellement parlé dans l’arrondissement. Si les francophones âgés de 50 ans et plus connaissent la langue vernaculaire, elle n’est cependant pas transmise aux plus jeunes qui ne connaissent que la seule langue française (tiens, ça me rappelle quelque chose…). Ironie de l’histoire, ce sont maintenant les jeunes néerlandophones de Fourons qui parlent et font vivre le limbourgeois…


KlaskHaDistruj 4 : arru eo / il est arrivé

Sed aze. Skrivit din ma ‘peus c’hoant da gaout unan. Brav-kaer eo da welet , ha da lenn ivez emichañs !
Le voilà. Ecrivez-moi si vous voulez que je vous fasse parvenir un envoi. Il est très sympa à voir, et on espère qu’il l’est tout autant à lire !

Daoust piv ‘harzo Nolwenn “Magerez” Leroy ?

Abaoe 7 sizhunvezh ‘h eo ar bladenn “Bretonne” an hini muiañ-gwerzhet ‘ba ‘r Frañs. Prestik vo bet prenet ouzhpenn 300 000 dioute, ‘ba ‘r magajinoù ha war internet. Ouzhpenn 1,4 milion a dud ‘deus sellet deus ar video a-us. Bet eo n’eus ket pell zo ‘ba ‘r 26vet plas ‘ba renkadur ar pladennoù gwerzhet dre ar bed. Ha krog eo da hadenrollañ he fladenn ‘ba Londrez evit gwerzhañ ‘ba ‘n estren-vro bremañ… Fidedoulle biskoazh kement-all ‘hat ! Aze zo un dra bennak da gompren memestra.

Lâret a ran deoc’h diouzhtu, n’on ket o vont da chaokat warni evel e ra darn. Ka ‘ran brav gwelet anezhi obert kement-se berzh. N’eo ket peogwir on sot ganti, a-boan din anavezout anezhi hag ar pezh ‘deus graet. Bretonez ha plac’h ar Star’ac, sed aze tout pezh ‘ouvezen diwarni. Memestra oa ret bezañ kourajus a-walc’h evit krediñ ober ur bladenn a-sort-se. Sonioù deus Breizh ha deus ar broioù keltiek, goude ma ‘h int mil-anavezet ha kaer… piv ‘nije pariet e vije bet kement-se a dud ‘r Frañs o prenañ ur bladenn “rejional” e-giz-se ?  ‘Meus aon zo bet un toullad mat a dud estonet.

Gwir eo ‘mañ ar ganerez o tastum arc’hant evel ober glav. Gwir eo e kan ar sonioù en he stumm dezhi, dishañval a-walc’h deus ar reoù zo bet a-raoki evel Alan Stivell. Met fidambie, n’eo ket bemdez e klever “hom” ganaouennoù ‘ba ‘r mediaoù gall (ya, ar sonioù-se eo ar reoù a zo bet koñsakret gant pobl Vreizh). N’eo ket alies e klever brezhoneg ha gallaoueg ‘ba Bro-C’hall, ha neubeutoc’h c’hoazh marteze tud anavezet-kaer evelti o tivenn yezh ar vro. Hon zo krog da deskiñ brezhoneg abaoe un toullad mizioù en Pariz. Ur sakre skwer ‘h eo. Hag ‘h omp o vont da glemm ?

Dont a ra da soñj din ‘ba ‘r film “Bienvenue chez les Ch’tis” deus Dany Boon. Ken dic’hortoz all oa bet ar berzh ‘na graet (ouzhpenn 20 milion a dud oa bet o welet anezhañ). Moarvat e tiskwela daou dra : da gentañ ne choma ket kalz tra deus ar sevenadurioù “bihan” e-mesk an dud ; ur mank bennaket zo neuze, ha se ‘zo kaoz ‘deus ezhomm muioc’h ar Frañsizien da hadstagañ deus o gwriziennoù. Darn dre ar film”Bienvenue chez les Ch’tis”, darn all dre ar bladenn “Bretonnes”. Levr Herve Lossec, “Les bretonnismes”, zo tamm bihan memes tra ivez. Troet e vez an dud muioc’h war o idantelezhioù “bihan”, yezhoù, sevenadurioù hag all… pa ‘h aint da fall prim-ha-prim bremañ.


Fiesta, playa y tortura : viva España !

Joxe Arregi, militant d’ETA torturé à mort par la police espagnole en 1981
 
 

La situation politique au Pays Basque évolue à vitesse grand V. La gauche abertzale (nationaliste basque) a enclenché depuis plus d’un an un processus de résolution du conflit, “par des moyens exclusivement démocratiques et politiques”, et “sans violence”. L’organisation armée ETA montre son assentiment en déclarant en ce début d’année 2011 un “cessez-le-feu général, permanent et vérifiable par des observateurs étrangers au conflit”. Les observateurs internationaux saluent unanimement ces pas en avant vers la résolution du conflit. 

Une nouvelle ère s’engage au Pays Basque ? Sans doute. Mais il reste des constantes. La répression du mouvement indépendantiste basque par les autorités espagnoles  en est une. Les arrestations, les rafles, se poursuivent. Avec leur corrollaire : l’usage immodéré de la torture par les forces policières espagnoles. Sur les 10 jeunes basques arrêtés le 18 janvier, 7 d’entre eux ont dénoncé des faits de torture. Voici le récit du calvaire de l’un d’entre eux, Xabier Beortegi, paru dans Ekaitza n°1236 du 03/02/2011 :

“Xabier a été arrêté pendant la rafle qui à eu lieu dans la nuit du 17 au 18 janvier 2011. Quelque jours après Il dénonce avoir subi des tortures. Voici son témoignage.

Tout a commencé à l’aube. Dans la nuit de lundi à mardi à 2 heures du matin. On sonne à ma porte. Je commence à entendre des cris Je me lève en pyjama et, en ouvrant la porte, je vois un tas de gardes civils braquant leurs armes sur moi. Je ne sais pas combien ils pouvaient être.

Ils sont entrés alors dans ma maison en criant. Au début, le traitement était correct. Bon, ils m’ont attaché les mains avec des cordes. Ils ont fait ce qu’ils voulaient, la perquisition. Après cette perquisition, ils m’ont fait monter dans un Patrol pour m’emmener à l’audience provinciale. Là, j’ai vu pour la première fois un médecin assermenté inconnu de moi. Je lui ai dit que le traitement était correct.

A partir de là, le cauchemar a commencé. C’est là que je me suis retrouvé entre les mains des groupes spéciaux. Ils disent eux-mêmes : ” Nous sommes des groupes spéciaux. Ce que tu as subi jusqu’à présent, c’est de la rigolade. Maintenant ça va être le cauchemar. Tu es mort comme militant. Tu vas cracher tout ce que tu as fait. ” Les pressions psychologiques, les menaces d’arrestation de membres de ma famille n’ont pas arrêté. Ils m’ont fait subir surtout des humiliations sexuelles continuelles, des attouchements. Et tout cela avec des coups sur les testicules. Ils en avaient toujours après les testicules. Des coups sur les flancs, sur la tête, continuellement sur la tête, jusqu’à ce que tu perdes la notion de ce que tu es, que ce que tu vis est une humiliation totale. En théorie, je pense qu’il faut cinq heures pour arriver à Madrid. Là, c’était devenu sans fin, je ne sais pas, 24 heures, je ne sais combien d’heures. Régulièrement, ils me disaient : ” Bon, tu es arrivé. Nous allons aller à la direction générale de la garde civile. Jusque-là, ce que tu as eu n’est que de la merde. Maintenant, tu vas avoir la baignoire.

Je me souviens que quand je suis descendu de la voiture, je ne pouvais même pas me tenir debout .Je ne sais pas si c’était la tension ou les coups sur la tête. J’avais toujours des malaises, à cause de la pression, je ne sais pas. Finalement, ils ont dû me porter à plusieurs car je ne pouvais plus tenir debout. A partir de là, ils m’ont mis dans un trou, le cachot, totalement dans le noir, je ne voyais rien. Et de là, ce qu’ils font, c’est te sortir pour les interrogatoires et t’y remettre et t’en ressortir continuellement. Et avec les interrogatoires, comme ils l’avaient dit, le cauchemar continue. Des coups sans arrêt sur la tête et il faut te mettre accroupi et te relever, jusqu’à l’épuisement, jusqu’à ne plus savoir qui tu es, jusqu’à perdre encore l’équilibre et, quand tu ne peux déjà plus respirer, ils te mettent une poche en plastique serrée sur la tête (la bolsa) pour que tu apprennes ce que c’est l’asphyxie.

Ça, c’est continuel. Ils me rentrent et me sortent du trou noir pour me faire ça. Ils me le font en me masquant les yeux pour que je ne voie personne. L’obscurité du cachot, puis le masque pour les interrogatoires, sans cesse. Tu perds la notion du temps, de l’heure qu’il est, du jour, et tu commences à sortir les noms qu’ils veulent que tu sortes. Il y a ton entourage, ta famille, tes amis, les gens qui travaillent avec toi, dans le quartier. Et ils t’obligent à donner un organigramme. A un moment, je dis : ” Oui, je collabore avec vous, faites ce que vous voulez, ce qui vous plaît. ” S’ils veulent que j’aie tué Manolete, eh bien ! je dis : ” J’ai tué Manolete.

Après, ils passent aux questions et réponses écrites. Il faut les apprendre par cœur. Ça a duré toute une soirée Je sais que j’ai fait la déclaration le matin du 20 janvier parce que quelqu’un m’a dit que c’était le 20.Tout cela peut durer deux heures ou une heure ou une demi-heure, c’est pareil, tu perds la notion du temps. Jusqu’à ce que je signe la déclaration, ils m’ont donné aussi des coups de poing, disant que je me faisais moi-même des bleus. Et après, ils me remettent dans le trou noir. Leurs manières deviennent différentes. Ils t’ont humilié tant, moralement aussi. Tu n’es déjà plus rien. Ils te le disent : ” Tu n’es rien. Tu dois déclarer au juge. Tu vas sortir pour de bon. ” Ils font un chantage ” Sois tranquille, tu vas sortir. ” Plusieurs fois avant que cela n’arrive, j’ai pensé, j’ai cru que s’ils me le disaient, que si je déclarais ce qu’il fallait au juge, je pouvais sortir. Il faut se dire pourtant qu’ils ne disent pas la vérité, que ce sont des policiers.

J’ai subi l’épreuve la plus limite de ma vie. J’espère que personne d’autre n’aura à subir ça. On ne peut pas continuer à supporter cette bande de psychopathes qui font ce qui leur passe par la tête.”

Xabier Beortegi est sorti libre du tribunal… 

Rassemblement contre la torture à Donostia le 13 février

Fait isolé ? Non. La pratique de la torture n’a jamais cessé depuis le franquisme. Elle fait partie intégrante de l’arsenal répressif que mettent en oeuvre les autorités espagnoles pour mettre au pas ceux qui osent contester le principe d’ “España, Una y Grande”. Et malgré toutes les semonces des organisations internationales et d’ONG, on continue de torturer dans une impunité presque totale :

L’Espagne doit enquêter sur les allégations de torture (Amnesty International) 3 novembre 2009.

Torture et mauvais traitements, le bilan honteux de la police espagnole (Amnesty International) 20 février 2008

Rapport 2009 d’Amnesty International

Rapport 2008 du Comité de Droits de l’Homme

Rapport de Martin Scheinin en 2009, rapporteur spécial de l’ONU pour la promotion des Droits de l’Homme dans la lutte contre le terrorisme

 

  L’année 2010, malgré le changement de cap de la gauche abertzale et l’absence d’actions d’ETA, marque un nouveau durcissement avec plus d’une soixantaine de cas de Basques torturés (contre une quarantaine “seulement” en 2009). Quel est le sens  d’une telle escalade répressive à un moment où l’espoir d’un règlement pacifique du conflit se fait de plus en plus grand ? Assez cyniquement, il faut certainement y voir la preuve qu’une situation pacifiée au Pays Basque n’est pas  pour plaire à des autorités espagnoles qui ont tout intérêt en temps de crise à renforcer la cohésion nationale en brandissant l’épouvantail de l’ennemi intérieur (cf ce texte très pertinent de Mathieu Rigouste, la fabrication de l’ennemi intérieur).


Kenavo Hosni !

Dam ya ‘hat, pobl an Ejipt ‘deus kaset kuit d’he zro ar c’hozh gagn-se a Hosni Moubarak. Ha n’eus ket kalz tud ‘deus keuz dioutañ moarvat. War-lerc’h Ben Ali zo bet diskaret un diktatour ouzhpenn. Ha n’eo ket fout peseurt hini : ur vro a 80 milion a dud, skoazellet gant ar Stadoù-Unanet hag Israel abaoe pell ‘zo… N’eus ket ‘met hetiñ d’an dud du-hont ober deus o bro unan deus ar reoù demokratikañ.
2011, bloavezh benniget evit tud an Tunizi hag an Ejipt. Chom a ra un toullad reoù all da skarzhañ kuit. Tro piv eo bremañ ? Beket ma ‘vo selaouet Tiken Jah Fakoly…

Rapport sur l’enseignement du et en breton

 Fañch Broudic, socio-linguiste, vient à peine de remettre son rapport sur l’enseignement du et en breton au recteur d’académie, que les réactions sont déjà nombreuses. Beaucoup en retiennent essentiellement sa préconisation d’abandonner l’écriture dite “Peurunvan”. Et ils s’en insurgent. Pour ma part, je n’ai pas d’avis tranché sur la question. J’utilise le peurunvan depuis que j’ai appris le breton, comme la plupart des néo-bretonnants. Pourtant, plus j’approfondis ma connaissance du breton, plus cette écriture m’insatisfait… Mais je continue de l’employer par facilité.

 

 Dans un petit aperçu du rapport, qui est apparemment loin de se focaliser sur la problématique de l’écriture, Broudic fait sur son blog le constat lucide que l’enseignement du breton est “dans une situation beaucoup plus précaire qu’on ne le croit”. Il me semble également que la belle courbe de croissance des effectifs bilingues de ces vingt dernières années ne doit surtout pas masquer les multiples entraves auxquelles est confronté l’enseignement en (et du) breton. Pelle-mêle : les abandons massifs en cours de scolarité bilingue (particulièrement à l’entrée en 6e), la difficulté d’ouverture de nouvelles écoles et classes, le manque criant de postulants aux concours d’enseignement, la complexité de faire apprendre le breton dans une société qui l’a rendu totalement inutile, sans parler de la qualité de la langue enseignée qui laisse franchement à désirer…

 

 Et puis, à 3% d’élèves concernés par le breton sur l’académie de Rennes (enseignement immersif, bilingue et optionnel cumulés), on peut difficilement suivre Broudic quand il énonce que ce n’est “plus un secteur marginal”. Tout est question de point de vue me direz-vous, et nous partions de zéro. Mais n’empêche… seulement 3% des jeunes Bretons apprenant leur langue à l’école dans des conditions précaires, combien de futurs bons bretonnants cela fera-t-il au final ? Sur une classe d’âge, je ne crois pas que nous atteignons 1%. Pire encore, combien d’entre-eux auront la possibilité ET la volonté de l’employer ? Allez, je préfère arrêter là le pessimisme.

 

C’est donc avec une irritation certaine que j’ai relevé ceci dans la présentation que fait Broudic de son rapport :

 L’enseignement du et en breton mobilise aujourd’hui des moyens humains, matériels et intellectuels considérables : il représente ainsi un total de 713,5 postes d’enseignants ETP sur l’Académie de Rennes.
En 2009-2010, l’Éducation nationale consacrait un budget de 23 millions d’euros à l’enseignement du et en breton. Pour la région Bretagne c’est 2,5 millions d’euros en 2010, et pour un département comme le Finistère c’est 1,7 million d’euros.

On perçoit évidemment que quelque chose cloche avec l’adjectif “considérables”. A l’aune de quoi peut-on qualifier les moyens mobilisés pour le breton de “considérables” ? En quoi 713,5 postes d’enseignants ETP est-il un chiffre “considérable” ? Au vu peut-être de la situation des langues de France ? Mais alors, c’est un bien mauvais étalon étant donné la situation catastrophique dans laquelle se trouve l’enseignement des langues minoritaires (où seul le corse surnage). Si Broudic sortait plus souvent de l’Hexagone et s’intéressait aux dispositifs en vigueur un peu partout en Europe pour revitaliser les langues minoritaires, il bannirait l’adjectif “considérables” pour le remplacer par “très limités”. Si pour lui les moyens en Bretagne sont “considérables”, comment qualifierait-il les moyens mobilisés dans la Communauté Autonome d’Euskadi pour le basque, où 1/3 des élèves apprend le basque en immersion, 1/3 en filière bilingue, et 1/3 en option ?

 

De même, dire que l’Education nationale “consacre un budget de 23 millions d’euros à l’enseignement du et en breton”, sans plus de précision, me fait rire, mais alors très jaune. Que cherche-t-il là en érigeant l’Etat français au rang de sauveur et grand mécène de notre langue (c’est en tout cas l’idée que ne manquera pas de se faire le quidam de base, et que n’hésiteront pas à reprendre nos nombreux adversaires) ?  A démontrer l’attitude volontariste et exemplaire de la France dans la défense des patois ? A flatter le commanditaire de son rapport, j’ai nommé le recteur d’Académie de Rennes ?

 

L’honnêteté aurait voulue qu’une telle assertion soit nuancée par ces quelques évidences : l’Etat n’a concédé une place au breton dans l’enseignement que sous la forte pression militante ; une petite part seulement de la somme mentionnée finance Diwan (1,7millions d’euros) ; le développement de l’enseignement bilingue public ne bénéficie d’absolument aucun soutien de l’Education nationale ; la quasi-totalité des 23 millions d’euros relève des salaires des enseignants, ayant au fil du temps remplacé des postes monolingues… Comment affirmer dans ces conditions que l’Etat “consacre un budget de 23 millions d’euros à l’enseignement du et en breton”, puisqu’il ne fait qu’accompagner frileusement, quand ce n’est pas freiner, le développement du breton à l’école ?!


La France : 27e sur 30 au classement de la Démocratie


Au classement de la démocratie, la France est 27e sur 30. C’est le résultat d’une enquête menée par des chercheurs suisses et allemands, et publiée ces jours-ci. Mais cette information, vous ne l’avez vraisemblablement pas entendue, les médias français ne l’ayant pas relayée…

 

Sera-t-on pour autant surpris d’un tel résultat ? Les Français qui, nombreux, persistent à voir dans leur pays le phare émancipateur et démocratique de l’Humanité, le seront certainement. Ils auront tôt fait cependant de se renfermer dans leurs certitudes et de critiquer l’enquête, la méthode utilisée, et l’origine des chercheurs qui les rend incapables de comprendre le génie français. Mais pour nous, ce classement est loin de nous surprendre. Nous qui devons combattre au quotidien cette vaste supercherie qu’est le Pays-des-Droits-de-l’Homme, qui éructe le terme de “démocratie” pour mieux la bafouer partout : dans les hautes sphères du pouvoir (le scandale du jet privé d’Alliot-Marie est le dernier d’une liste interminable de tricheries et de corruptions des élites françaises), dans les cités, dans les prisons, dans les colonies (oups, les départements et territoires d’Outre-mer)… sur tout le territoire républicain, étant entendu que le centralisme politique est une injure à la démocratie.

 

27e sur 30, voilà la vraie place de la République française au classement de la démocratie. Elle ne mérite pas mieux.

Extrait issu de la presse suisse : “Démocratie : la Suisse n’arrive que 14e sur 30, selon une étude” :

Malgré sa démocratie directe, la Suisse pèche par certaines faiblesses de ses structures politiques. Elle n’arrive que 14e d’un classement emmené par le Danemark. Créateurs de ce baromètre, des chercheurs zurichois et berlinois ont observé l’évolution de 30 démocraties entre 1995 et 2005.

Neuf critères articulés autour des principes de liberté, d’égalité et de contrôle ont servi à l’élaboration de ce baromètre. Parmi eux figurent la protection de la liberté individuelle, l’Etat de droit, la transparence, la participation démocratique, la concurrence politique, le contrôle des trois pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) et la capacité d’appliquer les décisions démocratiques.

Au bout du compte, c’est le Danemark qui réalise le meilleur résultat (88,3 points), devant la Finlande (87,7) et la Belgique (85,1). Les Etats-Unis figurent en 10e position. L’Allemagne est 11e. La Grande-Bretagne (26e) et la France (27e) figurent en queue de peloton, alors que la Pologne, l’Afrique du Sud et le Costa Rica (dernier) ferment la marche.