Monthly Archives: Genver 2012

Kenavo paotr

 

Bet eo an devezh-mañ unan deus ar re dristañ. Chomet e oan mantret daou viz ‘zo pa ‘ma goulet gantañ penaos oa e gont, hag eñ respont ac’hanon evel-henn en ur c’hoarzhin : “ar c’hrank zo ennon”. Ha herie ‘h on manet mantret un eil gwezh, pa ‘meus klevet ar c’heloù spontus. Aet eo. An Ankou ‘neus falc’het anezhañ war-lerc’h eizh miz stourm enep d’ar c’hleñved. Ne oa ket ‘met daou vloaz warn-ugent.

En em anavezet omp ‘ba Ai’ta!. Eñ oa ul lisead yaouank krog da deskiñ brezhoneg. Deut oa prim ha brav gantañ. ‘Na ket aon rak komz brezhoneg. Lorc’h oa ennañ kentoc’h. Mont a rae ivez da deskiñ yezh ar vro gant e amezeien gozh. Evit difenn Breizh oa tan ennañ, minapl ! Ur wezh ‘na kontet din oa o soñjal diskar an Triliv zo war iliz bras Lannuon. Bet e oa ‘ba Brest o studiañ ar brezhoneg er skol-veur, ha goude oa antreet ‘ba Kelenn e Kemper da vont da skolaer ‘ba Diwan. N’eus ket gallet achuiñ e stummadur.

 

N’hallen ket tremen hep rentañ homaj dezhañ.

Kenavo Geoffrey

Agur eta ohore !


Odeur de rance en République

Tous les analystes  à peu près lucides  s’accordent pour pointer du doigt la faillite structuelle de la France. Certes, une foule de zélotes continue encore de croire au modèle républicain et tente de nous convaincre de l’adouber dans 5 mois par le vote. Les incantations habituelles sur la liberté, l’égalité, les Droits de l’Homme, redoublent. Les symboles républicains sont brandis partout. La rhétorique nationaliste (“rétablir la grandeur de la France” !) continue de saturer les médias. Pourtant, que la droite ou la gauche soit aux affaires, le fond du problème reste le même. Les élites de ce pays sont trop accrochées depuis longue date à leurs multiples privilèges. Leurs intérêts particuliers les rendent incapables de concevoir et de mettre en oeuvre un fonctionnement véritablement démocratique de ce pays. Leur unique horizon idéologique est l’ Etat hyper-centralisé et hiérarchisé, sans contre-pouvoirs. La perpétuation d’une oligarchie parisienne qui contrôle tout, et une masse atomisée qui bêle et s’apprête à se rendre aux urnes, est une des conséquences logiques d’un système qui n’a eu de Démocratie que le vernis. En illustration, je reprends in extenso la critique lumineuse de Brice Couturier entendue lundi matin 9 janvier sur France Culture :

Pour Raymond Aron, l’une des caractéristiques des sociétés industrielles démocratiques, c’est que « les pouvoirs spirituel (ou intellectuel), politique et économique y sont séparés ». Il y a « dissociation des pouvoirs ». Et il ajoutait « les groupes qui exercent ces trois sortes de commandement sont en rivalité permanente. »

40 ans plus tard, dans La faute aux élites, ce que Jacques Julliard écrivait à propos des élites françaises contredit ce modèle : « Quiconque a vécu aux Etats-Unis sait qu’y coexistent des lieux de pouvoir autonomes, au sein de la politique, de la finance, des médias, de l’université. Certes, ces milieux ne s’ignorent pas entre eux. Mais ils ne fusionnent pas non plus. Il en va différemment en France. Le Tout-Paris, expression vieillie pour une réalité toujours vivante, désigne un firmament de la célébrité où la politique, la banque, l’aristocratie, la spiritualité, l’art, la littérature, les affaires, la chanson, les médias, le grand banditisme, l’université, le sport se rencontrent, échangent des impressions, des politesses, des idées, des adresses, des services, des femmes, des informations, des positions sociales. (…) Ainsi se constitue un réseau continu de connivences, reliant entre eux les sommets des pyramides contiguës de hiérarchies professionnelles distinctes. »

L’un de nos maux français était ainsi nommé avec humour et pertinence. En France, les élites (dirigeants politiques, haute administration, monde des affaires, journalistes et présentateurs vedettes), loin d’être « en état de rivalité permanente », fusionnent au sommet. C’est bien pourquoi elles éprouvent le besoin de se concentrer dans trois ou quatre arrondissements de Paris. La solidarité des intérêts de carrière dicte un besoin de proximité géographique.

Second problème : cette super-élite, polyvalente, est parvenue à bloquer son propre renouvellement. En s’auto-reproduisant par le mariage endogame et en manipulant au service de ses enfants les sommets de la méritocratie républicaine, elle s’est muée en nouvelle aristocratie. Or, comme l’avait fort bien relevé Tocqueville, le peuple français ne tolère les privilèges des aristocrates que dans la mesure où il accepte aussi la dure loi des loteries : c’est-à-dire s’il conserve un espoir, même minuscule, d’y faire accéder un jour ses enfants, ou de gagner lui-même le gros lot….

Troisième problème : l’argent. Vous écrivez, Sophie Coignard et Roman Guibert, que notre super-élite, autrefois attachée surtout à ses statuts et aux symboles de son pouvoir, comme toute aristocratie, n’hésite plus à déroger pour s’en aller… faire du fric dans le privé. C’est le monde de la finance, celui qui s’est tant « goinfré » avant la crise qui donne désormais le ton. Et l’élite s’aligne désormais sur la hiérarchie des valeurs qui régit ce monde-là : celui où qui n’a pas sa Rolex à cinquante ans a raté sa vie… comme disait Séguéla. Vous faites une véritable fixation sur les inspecteurs des finances, révélant au passage que la majorité d’entre eux ont préféré partir « pantoufler » dans le privé, où leur compétence, certes, mais aussi leur connaissance intime de la mécanique financière de l’Etat, sont achetés à prix d’or…

J’ai gardé pour la conclusion le 4° problème, parce que c’est le plus urgent. Cette super-élite qui tient tout, devait nécessairement être tenue responsable de tout… Il est donc parfaitement légitime que la société lui impute l’échec français. Or, cet échec – chômage de masse structurel, manque de compétitivité, faiblesse de de l’innovation, Etat en quasi-faillite, défiance mutuelle et réformes impossibles – est désormais patent.

De temps à autres, éclate un coup de semonce : c’est la présence incongrue de Le Pen au 2° tour de la présidentielle de 2002, c’est la victoire du non au référendum de 2005, quand toute l’élite votait oui. Qui sait par quel biais s’exprimera, cette année, l’exaspération croissante de la société envers une aristocratie, dont non seulement la direction s’est révélée erronée, mais dont les intérêts particuliers semblent bien avoir pris le pas sur l’intérêt général.


Jaia bai, borroka ere bai !

Jaia bai, borroka ere bai ! “, ” Ar fest ya, ar stourm ivez avat !”. Evel-se e weler an traoù ‘ba Bro-Euskadi. Gourc’hemennoù neuze d’ar merc’hed ha d’ar baotred a oa en em gavet e-kerzh nozvezh Kalanna dirak toull-bac’h ar merc’hed en Roazhon.  Sindikalisted, hiniennoù emsav ar bodadegoù, izili an tu-kleiz dizalc’hour, ar c’homite «Euskal Herriaren Lagunak, Roazhon-Breizh» oa bet eno o huchal luganioù, oc’h hejañ bannielloù, o strakal fuzeennoù… da diskwel o c’henskoazell gant tout ar merc’hed bac’het eno, en o mesk prizoniadezed an ETA. Da c’hoût muioc’h war lec’hienn Breizhistance :

http://www.breizhistance.tv/2012/01/02/kalanna-mod-all/


Le Conseil général du Finistère a trouvé une utilité à la langue bretonne !

Je poursuis l’exploration de ces “élus républicains qui nous gouvernent”, avec cette fois une sortie de l’ancien maire de Brest, et président du conseil général du Finistère, Pierre Maille. Le Finistère s’apprête en effet à lancer une campagne de sensibilisation en faveur du bilinguisme précoce. L’initiative est bienvenue (on aimerait que notre département des Côtes-du-Nord en fasse autant) et l’affiche est alléchante avec une belle présence de la langue bretonne. Las, c’était évidemment trop beau. Mais laissons notre édile s’exprimer dans les pages du Télégramme daté du 29 décembre :

A l’heure de l’internationalisation des échanges et de l’Europe, personne ne conteste plus le bénéfice, pour le jeune enfant, de maîtriser plusieurs langues“, explique le président Pierre Maille. “D’un point de vue scientifique, les chercheurs s’accordent à penser que la construction d’un bilinguisme équilibré dépend étroitement de l’âge auquel la langue est apprise : le bilinguisme précoce est à la fois un atout pour l’apprentissage de plusieurs langues étrangères et une chance pour l’épanouissement personnel de l’enfant. En Finistère, la pratique de la langue bretonne dès le plus jeune âge est encouragée par le conseil général, car elle stimule l’éveil de l’enfant, lui confère des capacités pour apprendre les langues et le prépare au multilinguisme. Je souhaite que les familles finistériennes s’investissent encore davantage dans la transmission d’une seconde langue, que ce soit le breton ou une langue maternelle étrangère

Pour cet élu socialiste “breton” d’importance, le seul enjeu est l’adaptabilité à la mondialisation capitaliste et à l’Europe libérale. Il faut être plurilingue pour être compétitif dans le monde globalisé d’aujourd’hui.  Point de défense des cultures locales, ou d’évocation du besoin d”enracinement. C’est dépassé tout ça. Pierre Maille regarde droit devant, et nous parle d’avenir. Son dada, c’est le bénéfice cognitif et les facilités à apprendre les langues étrangères. La langue bretonne dans tout ça ? Un expédient. Elle est là, autant qu’on lui trouve une utilité. Pierre Maille nous apprend laquelle. Toute honte bue, il nous explique que si le Finistère encourage la pratique du breton, c’est “car elle stimule l’éveil de l’enfant, lui confère des capacités pour apprendre les langues et le prépare au multilinguisme“.  Le breton comme élément majeur de notre patrimoine, fondement de notre identité, vecteur de lien  intergénérationnel, objet d’apprentissage en soi ? Non, ça, il n’en a rien à foutre. L’enseignement du breton l’intéresse seulement parce qu’il permet la formation de petits bilingues précoces. D’ailleurs, “que ce soit le breton ou une langue maternelle étrangère“, peu importe au fond. L’important c’est d’être bilingue et d’être compétitif.

Merci Mr Maille de nous rappeler, après tant d’autres, combien l’élu républicain est soucieux du devenir de notre langue.